Comédien, metteur en scène, chanteur et auteur, Laurent Soffiati est le fondateur et directeur artistique de la Cie audoise « Idéal Cinéma », du « Festival Idéal » de Bram et du « Festival Storie di Passi » de Ferrare en Italie.
Éveil, apprentissage
Originaire de l’Aude, il découvre le théâtre au collège de Bram, puis en classe A3 au lycée de Castelnaudary. Il étudie ensuite l’art dramatique à la faculté d’Aix-en-Provence, puis intègre la 59ème promotion de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (1997-2000). Il a entre autres comme professeurs Nada Strancar, Alain Knapp, Serguei Isaev, Grishka Bogdanov, Philippe Delaigue … Il travaille ensuite le chant au Conservatoire de Paris avec Sonia Nigoghocian et Anne-Marie Liénard et dans les masterclass de Michel Piquemal et Anna Prucnal.
Répertoire, télé, cinéma
Depuis plus de 25 ans, il joue Molière, Marivaux, Musset, Shakespeare, M.L Fleisser, B. Strauss, R. Walser, A. Daudet, Feydeau, Billetdoux, Lagarce, H. Colas, Koltès… sous la direction de J. Savary, J.C Penchenat, C. Stavisky, C. Benedetti, S. Tesson, E. Suarez, N. Ducron, L. Rabih… On le voit également dans de nombreuses productions télévisuelles ou cinématographiques, sous la direction notamment d’Alain Guiraudie et Michel Hazanavicius (Festival de Cannes 2013 et 2017), Eugène Green, Jacques Maillot, A. Raoust, E. Summer, V. Soudjian, C. Faure, T. Binisti, N. Homayoun, C-M Rome…
Construction, collaborations, transmission
Il construit des ponts entre théâtre et musique en travaillant en tant qu’auteur, comédien et metteur en scène avec des choeurs et orchestres prestigieux pour des oeuvres d’Honegger (Orchestre national de Lyon-Jun Markl) Brahms (Choeur de Radio France-Y. Parmentier/Choeur de l’Opéra de Rouen-D. Bargier), Mozart (Choeur Vittoria d’Ile de France-M. Piquemal), Beethoven(Orchestre de chambre Pélléas-B. Lévy) et des musiques du Monde (Choeur Académique de La Réunion-N.Wélinski) ainsi que des programmes aux grandes orgues avec Philippe Lefebvre (Notre Dame de Paris-Chartres) ou des mises en scène d’opéras contemporains (Aix-Marseille-Bogota) avec Sybille Wilson et Musicatreize-R. Hayrabédian. Il met sa voix, sa sensibilité et son engagement artistique au service de ses créations. Il participe à de nombreuses lectures de poésie, romans, correspondances, lectures musicales (Pirandello, Hrabal, Pennac, Sinatra, Yourcenar, Pascal, Eluard, Ronsard, Capek, Jazouli, Bousquet, Suarès, Tesson, Hugo…). Il crée 2 tours de chant : « D’un exil mon Amour », « Je n’oublie rien ». Il collabore régulièrement avec la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani et son Orchestre Symphonique Divertimento. En 2018, il adapte, met en scène et interprète « Le Songe d’une nuit d’été » de Mendelssohn. En 2019, « Novecento, pianiste » d’A. Barricco avec le Brass band de l’OSD. En 2020, il crée « Encore une histoire ! » spectacle jeune public d’après « L’arbre sans fin » de C. Ponti. Il s’investit également dans la transmission de l’art dramatique et oratoire, notamment en milieu scolaire ou carcéral, médiathèques, stages et instituts supérieurs, ainsi qu’auprès de chorales. Il enseigne le théâtre à l’Ecole des Arts de Bram.
Un idéal, des festivals !
Avec sa compagnie Idéal Cinéma, implantée en Occitanie, Laurent Soffiati, entouré de Leïla Ormas à la production/diffusion, PP à la régie générale, Gaëlle Ferradini à la communication ainsi que du bureau de la compagnie, crée des spectacles, des lectures, des événements culturels et des ateliers de transmission et de médiation culturelle. La 1ère création de la compagnie en 2018 « Et je suis resté debout » retrace la vie et l’oeuvre du soldat/poète Joë Bousquet. (Label Centenaire, Festivals d’Avignon/Carcassonne et tournée). En 2019, pour l’appel à Projets « Lauragais dans les Arts », la compagnie propose la lecture-spectacle « Prosper Estieu, instituteur public et poète ». La 2ème création, « Cours toujours » est jouée au Théâtre dans les Vignes de Couffoulens, sur la scène des 3 Ponts de Castelnaudary, au Théâtre Na Loba de Pennautier, au Chai de Capendu. La compagnie propose également une lecture de textes sur La Retirada à Montolieu et intervient au collège de Bram pour animer des ateliers théâtre sur le thème de l’Exil en collaboration avec la médiathèque.
En mai 2019, la compagnie Idéal Cinéma crée « Le Retour de Mr L. » spectacle musical avec le Choeur Académique de La Réunion. En juin 2019, la 1ère édition du « Festival Idéal » est créée dans le parc des Essars de Bram, événement culturel qui accueille des artistes comédiens et musiciens pour des lectures en musique. Le Festival est marrainé par la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani. Laurent Soffiati collabore avec la cheffe de choeur Florence Vettes pour mettre en scène des élèves du lycée Jules Fil et du collège Varsovie de Carcassonne pour un projet de spectacle musical.
En pleine préparation confinée de sa prochaine création, adaptation théâtrale du roman « Sur les chemins noirs » de Sylvain Tesson, Laurent Soffiati a pris le temps de répondre à notre questionnaire.
Je réponds à ce questionnaire pendant la période de confinement dû à la crise sanitaire. Beaucoup d’incertitudes sur l’avenir de nos métiers et activités. J’espère que l’ensemble du secteur artistique et culturel restera debout et vivant face à ces grandes difficultés.
1. Trois mots pour vous décrire
Un, personne, et cent mille (d’après le titre du roman de Luigi Pirandello écrit en 1926)
2. Trois mots qui définissent votre travail
Je travaille à faire un théâtre narratif et poétique entre intimité et lyrisme où les mots, les corps et la musique me permettent de partager avec le public des histoires sensibles et des parcours singuliers et passionnants.
3. Si vous étiez un tableau, un livre ou un film, qui seriez-vous ?
Un tableau : « La chambre à Arles » de Van Gogh : Dans cette chambre intime et sobre où la couleur vive et pure éclate, on sent le peintre derrière la toile et l’imagination dépasse les murs.
Un documentaire : « Free solo » : à couper le souffle. L’exploit d’Alex Honnold qui escalade une paroi rocheuse monumentale sans corde et sans sécurité. Libre et seul accroché à cet espace minéral où la vie ne tient qu’à un millimètre de pierre et de peau.
Deux films : « Les Enfants du paradis » 1945 : une ode à l’amour, à la vie, au théâtre, aux acteurs, à Paris. « Johnny s’en va-t-en guerre » (Johnny Got is gun) : un chef-d’oeuvre en noir et blanc de 1971 : la voix enfermée dans un corps empêché.
Un livre : « Sur les chemins noirs » de Sylvain Tesson : prochaine création de la compagnie Idéal Cinéma. J’adapterai et je mettrai en scène cette traversée de la France à pieds. La quête intérieure d’un homme où l’écriture sublime le quotidien du marcheur solitaire.
4. Un rituel avant l’ouverture des portes les soirs de spectacle ?
Je vérifie pour la 30ème fois la mise au plateau ! Je mange une banane, puis un dernier échange avec mon régisseur pour m’assurer que tout est ok. Je respire et j’essaie de faire le vide.
5. Comment choisissez-vous les spectacles que vous mettez en scène ?
Je choisis en fonction d’un thème, d’un auteur, d’une nécessité personnelle ou d’une rencontre avec d’autres partenaires. Quand ça éveille chez moi l’intérêt, l’envie, la curiosité. Quand je sens que l’oeuvre va me faire grandir et prendre une dimension poétique et universelle, je sais que mon choix est fait. Quand je ressens une résonance évidente et immédiate entre l’histoire racontée, ma sensibilité et mon rapport au Monde. Quand je sens que l’espace du théâtre pourra accueillir l’histoire extraordinaire de héros ordinaires et sera porteuse d’espoir, je me mets au travail en laissant venir les images, les émotions et les idées.
6. Comment le spectacle est-il entré dans votre vie ?
A l’école primaire, par la découverte d’Arthur Rimbaud et son poème « Ma Bohème » ; déjà un poète en chemin… Au collège et au lycée par des professeurs passionnés. Puis par des hommes et des femmes de théâtre auprès desquels j’ai appris et pratiqué.
7. L’artiste/la compagnie avec lequel/laquelle vous voudriez passer une journée ?
« Les Tréteaux de France », Centre Dramatique National itinérant dirigé par le comédien et metteur en scène Robin Renucci : un théâtre nomade en dialogue avec son public, dans les villes et villages de France.
8. Votre dernier coup de cœur spectacle ?
« Macbettu » d’Alessandro Serra : puissante et lumineuse adaptation du chef-d’oeuvre shakespearien en terre sarde ; l’épure, la force et la beauté de la mise en scène, l’engagement physique et vocal des acteurs sardes, virtuoses dans la comédie et dans la tragédie ; Ce spectacle résonne longuement en nous bien après la représentation.
9. Un spectacle que vous avez vu mais que vous ne pouvez pas avouer ?
Quand je danse en privé sur « La chanson des sardines » ou sur « Le petit bonhomme en mousse » ! C’est un spectacle inavouable mais j’adore !!!
10. L’artiste que vous rêvez de faire jouer ?
Jacques Gamblin pour son talent, sa présence et son rapport au corps et à la poésie. Athlète affectif, élégant et engagé.
11. Selon vous, à quoi sert le spectacle vivant aujourd’hui ?
Le spectacle vivant est là pour nous rassembler, le temps de la représentation, autour d’une histoire. On fait silence, on se concentre sur nos sens, et on écoute, on voit, on ressent. On se laisse aller, ensemble, à vivre des émotions. Se mettre en état de conscience et de résonance, dans le cadre sacré du théâtre, d’une salle de spectacle ou d’un espace scénique, quel qu’il soit et accepté comme tel. Rencontrer, échanger, se cultiver, partager des convictions et se poser des questions. Le spectacle vivant sert à envisager le Monde, à ouvrir des horizons, à découvrir des auteurs, des artistes et des répertoires, à entendre des parcours de vie, à s’évader, à rire, à pleurer, à oublier ses soucis ou à leur trouver des solutions, à faire une pause, à rester vigilant et éveillé, à résister pacifiquement aux dangers de l’obscurantisme. Le spectacle vivant sert à se sentir vivant.
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